La rougeole en milieu de soins hospitalier

Index
Préalable : Informations à destination des patients à disposer dans l’ensemble des lieux d’accueil de l’hôpital.
Période de contagiosité de la rougeole
Signes cliniques de la rougeole  
Le diagnostic biologique de la rougeole
Le signalement 
Prise en charge du malade en milieu hospitalier
Mesures vis-à-vis des contacts du malade en milieu de soins (hors professionnels de santé)
Mesures à prendre en milieu hospitalier vis-à-vis du personnel soignant

 

Préalable : Informations à destination des patients à disposer dans l’ensemble des lieux d’accueil de l’hôpital.

Supports d’informations:
Affiche ARS Pays de la Loire: Comment reconnaître la rougeole?
Vidéo pédagogique CPias Nouvelle Aquitaine: les points essentiels à connaitre sur la rougeole
Exemple d’affiche a disposer aux urgence (CH Saumur)

Période de contagiosité de la rougeole 

La phase de contagiosité commence la veille de l’apparition des premiers symptômes, soit 5 jours avant le début de l’éruption, et s’étend jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption.

Signes cliniques de la rougeole 

Les premiers symptômes de la rougeole

La rougeole se manifeste d’abord par :

  • un écoulement du nez (rhinite) ;
  • une conjonctivite avec larmoiement, gonflement des paupières, rougeur des yeux et gêne à la vue de la lumière ;
  • une toux;
  • une grande fatigue (asthénie) ;
  • une forte fièvre (augmentation de la température du corps jusqu’à 39-40°C).

Ces symptômes durent environ trois à quatre jours. Puis l’éruption cutanée de la rougeole survient.

L’éruption lors de la rougeole

L’éruption cutanée de la rougeole est constituée de petites taches très rouges légèrement surélevées qui laissent des zones de peau normale. Elle est descendante : elle apparaît d’abord sur le visage : derrière les oreilles, sur le front, sur les joues, puis sur le cou, le haut du corps pour atteindre les pieds autour du troisième jour.

La personne malade reste fébrile et très fatiguée.

La rhinite et la conjonctivite disparaissent, mais la toux, qui est souvent intense, peut durer jusqu’à la fin de la rougeole.

L’éruption cutanée de la rougeole disparait en une semaine environ.

Le diagnostic biologique de la rougeole 

Privilégier la sérologie (recherche d’IgM) à la PCR. La sérologie est remboursée et facilement accessible, sa fiabilité est optimale à partir de J3 après le début de l’éruption.

La sérologie : recherche d’IgM anti-rougeoleux

Quel laboratoire ?
La plupart des laboratoires la réalisent. C’est la technique la plus accessible pour réaliser le diagnostic de rougeole.

Quel prélèvement ?
Sang sur tube sec.

Comment interpréter les résultats ?
Principe de détection d’IgM anti-rougeoleux

  • Si absence d’IgM ET d’IgG spécifiques lors d’un prélèvement réalisé au cours des 3 premiers jours de l’éruption : le diagnostic de rougeole ne peut pas être éliminé. En cas de rougeole, un second prélèvement réalisé à 8 jours d’intervalle pourra mettre en évidence une séroconversion (apparition des IgM et des IgG)
  • Si présence d’IgG seules en début d’éruption : soit rougeole antérieure soit antécédent de vaccination (même incomplète). Ne permet toutefois pas d’attester de l’immunisation contre la rougeole

Dans les 2 mois suivant une vaccination contre la rougeole, la détection des IgM et des IgG spécifiques ne permet pas de différencier une rougeole vaccinale d’une rougeole « sauvage ».

La biologie moléculaire : PCR

Quel laboratoire ?
Réalisée au CNR (courriel : cnr-roug-para@chu-caen.fr) et de plus en plus de laboratoires de virologie spécialisés (en particulier dans les CHU).

Quel prélèvement ?
Liquide buccal, écouvillonnage rhino-pharyngé ou autres prélèvement respiratoire, échantillon d’urine, ainsi qu’à partir de prélèvement de sang total prélevé pendant la période virémique

Comment interpréter les résultats ?
L’ARN viral est détectable dans ces échantillons de quelques jours avant le début de l’éruption jusqu’à environ 10-12 jours après. L’excrétion du virus dans les urines semble être plus longue. Ce type d’échantillon permet une détection plus tardive après l’éruption

Liquide buccal (kit salivaire)

Ces kits sont destinés en priorité aux médecins libéraux (possibilité de demande lors d’un signalement de cas de rougeole)

Quel laboratoire ?
Réalisée au CNR (courriel : cnr-roug-para@chu-caen.fr)
L’envoi et l’examen virologique des kits salivaires au CNR sont gratuits. Si des échantillons autres que le kit salivaire sont transmis au CNR pour une recherche du virus de la rougeole par PCR à visée diagnostique, les coûts du transport pourront revenir au laboratoire ayant réalisé les prélèvements.
Les envois d’échantillons (sang, gorge, LCR, urines…) trouvés positifs pour le virus de la rougeole sont à envoyer au CNR, en vue d’un génotypage, par le laboratoire ayant réalisé le diagnostic, après échange avec le CNR.

Quel prélèvement ?
Le liquide buccal est prélevé à l’aide d’un écouvillon en mousse que l’on passe le long du sillon gingivo jugal pendant environ 1 minute.Ces kits salivaires sont fournis par Santé publique France et sont distribués par les ARS.

Fiche Technique de prélèvement-kit salivaire

Le signalement


Dans quelle situation signaler un cas ?
La rougeole est une maladie à déclaration obligatoire.

Critères cliniques
Association d’une fièvre ≥ 38,5°C, d’une éruption maculo-papuleuse et d’au moins un des signes suivants : conjonctivite, coryza, toux, signe de Köplik.

Critères biologiques

  • Détection (en l’absence de vaccination dans les deux mois précédant le prélèvement) d’IgM spécifiques de la rougeole dans un prélèvement sanguin ou de liquide buccal, ou
  • Séroconversion ou élévation (en l’absence de vaccination dans les deux mois précédant le prélèvement) de quatre fois au moins du titre des IgG sériques entre la phase aiguë et la phase de convalescence, ou
  • Détection du virus par PCR sur prélèvement sanguin, de liquide buccal, rhino-pharyngé ou urinaire, ou
  • Culture positive sur prélèvement(s) sanguin, rhino-pharyngé, buccal ou urinaire.

Qui signale ?
Les cliniciens et les biologistes qui suspectent (critères cliniques) ou diagnostiquent (critères biologiques) un cas de rougeole doivent le signaler sans délai à l’agence régionale de santé (Cellule de veille et d’alerte) de leur lieu d’exercice.

Comment signaler ?
Afin d’effectuer cette démarche, complétez le formulaire de DO et envoyez-le par mail à ars44-alerte@ars.sante.fr ou par fax au 02.34.00.02.89. Le formulaire est à adresser dès le diagnostic clinique d’une rougeole sans attendre les résultats biologiques.

Prise en charge du malade en milieu hospitalier

  • Prise en charge rapide afin d’éviter les contacts avec les autres patients. Réfléchir en amont aux circuits possibles de prise en charge.
  • Prise en charge du patient par du personnel immunisé contre la rougeole :
    • personnel immunisé contre la rougeole (vérification du statut vaccinal, antécédents de rougeole)
    • limiter le nombre d’intervenants.
  • Mise en place des précautions complémentaires de type « air » :
    • isoler le patient pendant la phase de contagiosité (jusqu’à cinq jours après le début de l’éruption) : chambre seule (porte fermée), limiter les visites, limiter les intervenants
    • limiter ses déplacements vers les différents plateaux techniques (examens radiologiques,…)
    • port du masque chirurgical par le malade dès l’arrivée à l’hôpital, au service des urgences et dans tous ses déplacements
    • port du masque de protection respiratoire (FFP) dès l’entrée dans la chambre
    • aération régulière de la chambre
    • aérer la pièce fréquentée par le malade après son départ pendant au moins 10 mn (à défaut la pièce doit être condamnée pendant 2 h).

Affiche réseau Coline: PRÉCAUTIONS COMPLÉMENTAIRES «AIR» Prévenir la transmission aéroportée

  • Respect des précautions standard pour le personnel :
    • port de gants non stérile à usage unique lors des soins au malade exposant aux liquides biologiques
    • hygiène des mains avant et après tout contact direct avec un cas, après retrait de gants
    • port d’une surblouse à usage unique lors des soins exposant aux liquides biologiques
    • port de lunettes de protection si risque de projection lors des soins.

Affiche réseau Coline: Vous avez dit précautions standard

Mesures vis-à-vis des contacts du malade en milieu de soins (hors professionnels de santé)

En milieu hospitalier, dès le diagnostic de rougeole évoqué, le clinicien en charge du patient prendra l’attache de l’Equipe Opérationnelle d’Hygiène pour prendre des mesures vis-à-vis des personnes ayant été en contact avec le cas de rougeole suspecté ou confirmé.

Recherche et identification rapide, idéalement dans les 24 premières heures, des sujets contacts du cas
Attention particulière à porter sur :

  • Les salles d’attente fréquentées par les cas en service hospitalier ou de consultation et tout particulièrement les urgences.
  • Aux urgences, l’heure d’enregistrement avec une marge d’erreur de 30 minutes avant l’enregistrement est communément appliqué
  • Les différents plateaux techniques

En période épidémique et de forte affluence de cas de rougeole dans les secteurs d’accueil, le port systématique de masque par les patients et les accompagnants pourra être envisagé avant examen médical.

Information des sujets contacts (ci dessous des supports potentiels)
Affiche ministère de la santé: J’ai été exposé à la rougeole : que faire ?
Affiche ARS Pays de la Loire: Comment reconnaître la rougeole?
Vidéo pédagogique CPias Nouvelle Aquitaine: les points essentiels à connaitre sur la rougeole
Affiche CPias Nouvelle Aquitaine: Quand il est malade, LE SUPER-HEROS PORTE SON MASQUE SUR LE NEZ et la bouche

Affiche CPias Nouvelle Aquitaine: Vous ou l’un de vos proche avez été en contact de la rougeole

Vérification de leur statut vaccinal (carnet de santé ou autre document) ou leur antécédent vis-à-vis de la rougeole ou orienter vers le médecin traitant

Si contact remontant à <72 h:

Immunisé : vaccination à 2 doses ou antécédents documentés de rougeole
Réceptif : non vacciné ou vacciné une dose ou aucun antécédent de rougeole

Si contact remontant à > 72 h < 6 jours

Informations complémentaires sur la vaccination:
Site vaccination info-service.fr
Rougeole, Aide-mémoire sur les recommandations vaccinales et sur les mesures préventives autour d’un cas.

Mesures à prendre en milieu hospitalier vis-à-vis du personnel soignant

Information du personnel

  • Information du personnel relative à ce cas de rougeole, à la maladie elle-même et à ses signes cliniques, ainsi qu’à son mode de transmission, par tout moyen disponible (affichage, réunions d’informations…). Il s’agit d’une étape essentielle destinée à sensibiliser l’ensemble du personnel à la détection d’autres cas, qui doit être menée sous la responsabilité du chef de service en collaboration avec l’EOH.
  • Le service de biologie sera systématiquement informé de toute suspicion de rougeole avant l’envoi en urgence d’un (ou des) prélèvement(s) à visée diagnostique.

Supports d’information à destination des personnels:
Affiche CPias Nouvelle Aquitaine: Vous ou l’un de vos proche avez été en contact de la rougeole
Affiche CPias Nouvelle Aquitaine:Rougeole, professionnels de santé, protégez vous!
Vidéo pédagogique CPias Nouvelle Aquitaine: les points essentiels à connaitre sur la rougeole

Prise en charge des professionnels, contacts d‘un cas de rougeole

  • Identifier le personnel contact d’un cas par l’interrogatoire.
  • Au contact d’un cas, il est recommandé d’administrer une dose de vaccin trivalent à tous les personnels de santé susceptibles d’être ou d’avoir été exposés pour lesquels il n’existe pas de preuve de rougeole antérieure ou qui n’ont pas reçu une vaccination complète à deux doses et ce, quelle que soit leur date de naissance. Cette vaccination, si elle est réalisée dans les 72 heures qui suivent un contact avec un cas, peut éviter la survenue de la maladie. Elle reste recommandée si ce délai est dépassé. Ces personnels devront avoir reçu au total deux doses de vaccin trivalent (si deux doses doivent être administrées, le délai entre les deux injections est au minimum d’un mois).
  • Vérifier le statut vaccinal de l’ensemble des membres du personnel soignant (dossier du service de santé au travail). En leur absence, et en l’absence d’antécédents de rougeole, mettre à jour la vaccination du personnel non immunisé selon les recommandations du calendrier vaccinal.

Pour le statut vaccinal, seuls les carnets de santé ou de vaccination le documentent. En leur absence, (et en l’absence d’antécédents notés de rougeole) la personne est considérée comme non immunisée, et potentiellement réceptive à la rougeole.

Informations complémentaires sur la vaccination:
Site vaccination info-service.fr
Rougeole, Aide-mémoire sur les recommandations vaccinales et sur les mesures préventives autour d’un cas.

Eviction de l’établissement des professionnels atteint de rougeole

Arrêt de travail de ce ou ces professionnels pendant la période de contagiosité (jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption) et de l’éviction du personnel à risque (réceptifs) des soins au malade atteint de rougeole.

Il n’y a pas lieu de proposer systématiquement une éviction aux soignants contacts non immunisés, même en l’absence de vaccination post-exposition. Ils doivent toutefois être informés de la possibilité de survenue ultérieure d’une rougeole et de la nécessité de ne pas se rendre sur leur lieu de travail et de consulter en cas d’apparition de symptômes évocateurs de rougeole

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